Aujourd’hui, je suis au volant de ma voiture. Je suis seul, sans passagers. Je suis bien!
J’ai mis le dernier album de mon guitariste préféré sur l’autoradio. J’ai mis le volume assez fort bien sûr, comme d’habitude. Mais pas trop fort non plus. Je ne ne voudrais pas avoir des sifflements dans les oreilles pour le restant de la journée. Je ne mets donc pas « à fond ». J’ai juste besoin d’un « bon son » de haute qualité, qui couvre le bruit du moteur et qui me permet de « rentrer » dans le morceau de musique, d’en être imprégné, afin d’entendre parfaitement tous les instruments, comme si je l’écoutais avec un casque.
Au niveau de la sécurité, cela ne pose aucun problème. Dans cette situation, je suis, pour une fois, à égalité avec un « bien-entendant » qui roulerait comme moi, avec un niveau sonore un peu plus élevé dans la voiture. Le risque serait peut être de ne pas entendre assez tôt une éventuelle sirène d’un véhicule d’urgence. De toute manière, même sans musique dans l’habitacle, je n’entends la sirène qu’au dernier moment, et j’ai d’ailleurs un mal fou à déterminer sa provenance. Là encore, je fais plus confiance à mon acuité visuelle. Grâce à elle, je repère rapidement les autres voitures qui s’arrêtent, se rabattent ou ralentissent en mettant les « warning ». Très souvent, j’aperçois les gyrophares bien avant d’entendre le son de la sirène!
Naturellement, ma perte auditive a toujours été compensée par une exacerbation de mes autres sens.
D’ailleurs, la pire saison pour conduire c’est l’automne. Ma vue, pourtant excellente, est souvent mise à rude épreuve. Les feuilles qui virevoltent le long de la route, balancées par le vent, déclenchent en moi une peur panique. Elles m’obligent à décupler mon attention car j’ai toujours peur de ne pas les différencier d’un petit animal ou d’un objet sur la route. Chaque petite feuille qui bouge ou chaque branche échouée sur le bord de la route sera repérée à plus de 100 mètres, analysée et reconnue bien avant que j’arrive à sa hauteur.
Vivement l’hiver.