Allégorie de la course de grenouilles

Allégorie de la course de grenouilles

Allégorie de la course de grenouilles

 

Un jour fut organisée une grande course de grenouilles.

Le but de cette course était d’atteindre le sommet d’une tour. Cette tour était un gigantesque monticule de roche et de terre de forme pyramidale. Plus on s’aventurait vers le sommet, plus la pente était raide. Le sommet culminait à une vingtaine de mètres. Cela ressemblait à une sorte d’Everest en miniature.

Une centaine de grenouilles concouraient, et des milliers de personnes étaient là pour les encourager et voir le spectacle.

Cette épreuve s’apparentait plus à de l’escalade qu’à une course. Il est bien connu que nos amis batraciens excellent volontiers dans l’art de bondir, mais il restait à démontrer qu’ils pouvaient aussi grimper.

« Pan !!! » le coup de feu retenti et toutes ces charmantes bestioles s’élancèrent.

Sauf une qui semblait rester sur place, ratant le départ et se retrouvant d’entrée à la dernière position. Elle portait le numéro 3.

La majorité des grenouilles étaient arrivées à la moitié du parcours quand une clameur commença à se faire entendre parmi les spectateurs.

Après avoir vu une rainette glisser et débouler la pente jusqu’en bas des gens s’exclamèrent:

-« Non, c’est impossible, aucune d’entre elles ne pourra atteindre le sommet. Regardez, elles sautent, elles glissent et puis elles tombent. C’est imparable! »

D’autres rajoutèrent:

-« Mais oui, regardez, elles restent bloquées à mi chemin car la pente devient trop dure, elles ne peuvent plus grimper en sautant ».

Profitant de cette occasion, la petite retardataire numéro 3 commença à rattraper tranquillement ses congénères. Ayant vu les tentatives malheureuses de ses prédécesseurs qui essayaient de grimper en bondissant, elle décida d’adopter une toute autre technique et se mit à escalader un flanc de la tour qu’aucune autre concurrente n’avait emprunté, car il semblait encore plus incliné que les autres.

La foule repéra cette initiative particulière et se mit à crier:

– » Arrête numéro 3, ne prend pas ce chemin, c’est le plus difficile, tu n’y arriveras jamais. Redescends de là, c’est trop dangereux! »

Mais la petite grenouille numéro 3 semblait sourire en voyant les gens s’agiter en bas. On eût dit qu’elle prenait les avertissements pour des encouragements.

Elle était maintenant la seule à continuer vers le sommet. Toutes les autres étaient restées à mi-chemin, complètement effrayées par les propos des spectateurs et tétanisées à l’idée de tomber à nouveau.

Elle restait concentrée sur sa course et se rapprochait de plus en plus du sommet. Fière de sa technique qui consistait à avancer tour à tour une patte avant et une patte arrière, gardant ainsi toujours deux pattes en contact avec la paroi.

Elle marqua une pause pour regarder derrière et vît qu’aucune de ses concurrentes n’avait pensé à l’imiter. Toutes restaient ébahies en la regardant escalader cette façade abrupte et presque lisse.

A cet instant, la clameur de la foule devint incroyablement forte, et certains n’hésitaient plus à crier, à hurler, au bord de l’hystérie:

-« Arrête, numéro 3, tu vas tomber. »

Certains allant jusqu’à demander:

-« Mais arrêtez-la, faites quelque chose, ce n’est pas possible! »

Et ce fut dans un immense effort que notre petite grenouille numéro 3 arriva enfin au sommet.

Quand elle fut redescendue, fière de sa victoire, elle ne compris pas l’expression des gens qui la regardaient bizarrement, et personne ne l’applaudissait. La foule était tout simplement stupéfaite, et incroyablement silencieuse.

Tous ceux qui croisait son regard lui demandait:

-« Mais comment avez vous fait, quel est votre secret? »

Mais elle ne prononça aucun mot, elle se contentait de répondre par un sourire.

Ce n’est qu’une fois sur le podium, sa médaille autour du cou que l’organisateur lui tendit le micro pour qu’elle fasse part de ses impressions au public. On lui demanda:

-« Mais alors, comment avez vous fait? c’est une incroyable victoire! »

Et notre grenouille numéro 3 fit un petit geste à la foule. Un geste inhabituel, assez complexe, comprenant plusieurs mouvements. Elle répéta même plusieurs fois ce geste. Jusqu’à ce que quelqu’un le comprenne enfin et dise:

-« Elle est sourde, elle ne nous entend pas…mais je comprends ce qu’elle dit. Elle nous remercie de l’avoir encouragé…elle dit que sans nos encouragements, elle n’aurait jamais eu la force de continuer jusqu’au sommet… »

 

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